Que l’on pense ou non que la catastrophe globale est évitable, cette analyse trace, avec Abdennour Bidar, une piste pour une humanité réconciliée : celle de la culture du triple lien. Avec un impératif : que tous soient mis en capacité de le cultiver.
L’humanité va mal. Elle est engagée dans un processus inédit d’autodestruction : en épuisant les ressources, en modifiant le climat, en polluant son milieu de vie, en exploitant et en excluant une partie de ses membres – donc une partie d’elle-même-, elle met à mal les conditions mêmes de sa survie.
Face à cela, deux grands courants coexistent :
On peut être convaincu qu’un radical changement de cap individuel et collectif nous permettra de sortir par le haut des multiples crises que l’humanité a provoquées et doit aujourd’hui affronter. Cette conviction, plutôt optimiste, est illustrée par le film « Demain » : il nous montre que, partout, des citoyens inventent collectivement des réponses aux défis de ce temps et affirme que, si leurs initiatives essaiment, on peut gagner la course contre la montre dans laquelle nous sommes engagés.
On peut aussi penser, avec Pablo Servigne et Raphaël Stevens, que ‘tout va s’effondrer ’ : tous les indicateurs sont au rouge et il est trop tard pour faire demi-tour. Selon ce point de vue (partagé aussi par Paul Jorion , notamment), l’effondrement de notre civilisation est inexorable et nous avons intérêt à nous préparer lucidement à y faire face.
Actifs ou passifs ?
Nous ne discuterons pas ici de la vraisemblance de ces deux scénarios. Dans un cas comme dans l’autre, nous sommes face à un choix :
fermer les yeux, renvoyer les deux scénarios dos à dos en pensant soit que le constat de départ est exagéré, soit que les sciences et les technologies vont « trouver des solutions ».
être conscient de la situation mais laisser faire les autres (les politiques, les scientifiques, les acteurs du monde économique…), considérant qu’individuellement, notre poids dans la balance est insignifiant ; en conséquence, baisser les bras et continuer à vivre comme on l’a toujours fait, ou même en en profitant le plus possible, tant qu’il y a moyen, et advienne que pourra.
décider d’agir comme on le peut, là où on est, que ce soit dans l’optique de construire un monde meilleur ou dans celle d’organiser notre résilience collective à ce qui va nous arriver.
Pour ceux qui ont choisi la troisième option, une question se pose : comment « faire le poids », rassembler les forces multiples mais éparses qui construisent, luttent, résistent… ?
C’est sur cette question que porte cette analyse, en s’appuyant sur un livre publié en 2016 : « Les Tisserands. Réparer ensemble le tissu déchiré du monde », écrit par Abdennour Bidar.