Accueillir, héberger, accompagner des personnes en souffrance lorsque la famille fait défaut : c’est l’ambition du Service d’Entraide Familiale (SEF), à Huy, une maison d’accueil fondée en 1938 par le Père Pire.
C’est au sein d’une famille que l’on apprend à aimer et à être aimé pour la première fois. C’est dans cet environnement sécurisant que l’on découvre, dès sa plus tendre enfance, les bases de la vie en société, les limites mais aussi le partage, l’autonomie, l’épanouissement personnel, bref… les conditions indispensables à une vie heureuse. Quand tant de familles sont mises à mal, quand certaines deviennent un milieu toxique ou quand elles ne sont tout simplement plus là pour apporter un soutien, rien d’étonnant à ce que l’on bascule et qu’on se retrouve « au fond »…
L’ambition du Service d’Entraide Familiale (SEF), à Huy, c’est d’être présent dans ces moments-là. Accueillir, héberger, accompagner des personnes en souffrance lorsque la famille fait défaut, voilà le credo de cette asbl fondée, en 1938, par le Père Dominique Pire qui, déjà à l’époque, la considérait un peu comme son enfant terrible.
Sofia (prénom d’emprunt), la quarantaine, d’origine italienne, a une jolie famille et tout pour être heureuse… si ce n’est cette fragilité qui se révèle lors du brutal décès de sa petite fille et qui finit par la faire basculer. Les épreuves s’accumulent : perte de repères, perte du soutien familial, perte d’emploi, perte du logement. Et puis, son homme qui la quitte et ses trois enfants qui finissent par être placés.
A la rue, sans ressources et sans ressort, Sofia fait un premier séjour en maison d’accueil. Mais le chemin pour se reconstruire est encore long et Sofia n’est pas encore prête à l’emprunter. Retour à la case « rue et désespoir »…
L’an dernier, prenant son courage à deux mains, la voilà qui se présente une nouvelle fois à l’entrée de la maison du Service d’Entraide Familiale, à Huy. D’abord, on ne la reconnaît pas mais, très vite, le déclic se fait et la porte s’ouvre… Une maison, un toit, une chambre… ce n’est pas grand-chose au premier abord mais c’est beaucoup quand on est seule ! D’autant plus que le SEF, c’est plus qu’un simple logement de dépannage. Dans une des deux maisons d’accueil, au cœur de la petite ville bourgeoise de Huy, c’est une véritable famille qui s’active pour entourer Sofia d’une affection nouvelle. Elle y redécouvre la joie des repas en commun, les discussions autour d’une bonne tasse de café, les tâches communes partagées dans la bonne humeur. Ensemble, on gère le quotidien, on apprend à établir un budget, on fait les courses, on fait la cuisine, on se confie aux accompagnateurs…
Puis revient le goût de se faire plaisir : les petites sorties en groupe au théâtre ou au bowling. Les amitiés qui naissent, les projets qui se redessinent, un futur qui peu à peu revient, dans l’ordre du possible.
Derrière cette lente résurrection, toute l’équipe du SEF s’active : assistantes sociales, éducateurs, secrétaires… les choses se mettent en place pour redonner à Sofia une existence digne de ce nom, y compris sur le plan administratif.
Au bout de neuf mois (le temps de séjour maximal), Sofia renaît : elle trouve un logement en ville et elle existe à nouveau pour le CPAS. Elle se rend maintenant au SEF en tant que bénévole : ses talents culinaires faisant merveille, elle se voit confier la responsabilité de la cuisine. Elle s’implique également dans la gestion du magasin de seconde main, lequel garantit l’autonomie financière du projet.
Et puis arrive Noël. Lors de la fête familiale organisée par l’association, Sofia, pour la première fois depuis tant d’années, revoit ses trois enfants qu’elle peut enfin combler de cadeaux !
Non, simplement l’histoire d’une association profondément humaine et pour laquelle la lutte contre la pauvreté et l’exclusion passe d’abord par la reconstruction de liens sociaux et par le réapprentissage d’une vie communautaire, avec tout ce que ça comporte comme joies mais aussi comme obligations.
Un lieu où le mot famille prend tout son sens, un endroit où l’on ambitionne de donner à chaque être humain en détresse la chose dont nous avons tous le plus besoin : le sentiment d’exister et de compter pour les autres !