La politique migratoire du gouvernement belge a rendu plus active encore la réaction des citoyens désireux d’héberger les réfugiés arrivés à Bruxelles. Que cache cette mobilisation qui fait le choix de l’action plutôt que de s’en tenir à l’indignation et à la protestation ? Et ne risque-t-elle pas de servir d’alibi aux politiques ?
Dans son étude 2017 , Vivre Ensemble pointait notamment deux faces de la médaille du volontariat. Côté face : outre les résultats concrets qu’il permet, le volontariat interpelle le politique en mettant en lumière des besoins non satisfaits ou des catégories particulièrement vulnérables de la population. Côté pile : si les volontaires « font le boulot », le politique ne risque-t-il pas de s’en laver les mains et de ne pas assumer ses responsabilités ? Ce qui se passe autour du Parc Maximilien en 2017-2018 est une belle illustration de ce dilemme.
On a beaucoup glosé, en cette fin d’année 2017, sur les soubresauts de la politique d’immigration et d’accueil du gouvernement de Charles Michel (MR), incarnée par son secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Theo Francken (N-VA). Disputes politiques, bagarre de chiffres, mensonges supposés ou avérés ont écarté les regards du véritable enjeu humain et humanitaire. Dans les derniers jours de l’année, une image a amusé le public, celle d’une petite dizaine de personnes venues manifester leur soutien à la politique de Francken. En face, personne. Ou plus exactement… le contraire, une sorte de force tranquille, silencieuse, citoyenne. A savoir 42 000 personnes inscrites sur le groupe Facebook de la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés de Bruxelles et 28 500 sur le groupe « Hébergement » de la Plateforme. Depuis des mois, des milliers de citoyens s’organisent sans faire de bruit pour convoyer ou héberger chaque soir des réfugiés qui, sans cela, resteraient à la rue (au parc Maximilien et à la gare du Nord, dans le centre de la capitale). À la Saint-Nicolas, puis surtout pour Noël, cette chaîne de la solidarité et de la dignité a réussi le pari fou de ne laisser personne à la rue.
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