Dans l’élaboration des mesures de lutte contre la pauvreté, il convient de s’interroger sur la place donnée aux premiers concernés : les personnes qui affrontent cette situation de pauvreté au quotidien. Leur donner la parole – et l’écouter – est primordial.
Les mesures politiques destinées à lutter contre la pauvreté sont pensées et prises par des gens qui, dans l’immense majorité des cas, n’en ont qu’une connaissance théorique et partielle. De ce fait, ils ne peuvent concevoir les obstacles que les personnes qui vivent la pauvreté rencontrent sur le chemin de l’accès aux droits que ces mesures sont supposées leur fournir.
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Conséquence : de nombreuses personnes n’accèdent pas à leurs droits parce qu’elles les ignorent, parce que les procédures sont trop complexes ou qu’elles sont ressenties comme humiliantes (« J’ai travaillé toute ma vie, je ne vais quand même pas aller au CPAS ! »). Ou parce qu’elles n’en peuvent plus de devoir tout justifier et sans cesse prouver et re-prouver qu’elles remplissent bien les conditions d’octroi des allocations et des aides sociales. Il arrive aussi que des travailleurs sociaux écartent d’emblée certaines possibilités, estimant que « ce sera trop compliqué », ou que « le conseil du CPAS refusera de toute façon ».
Du coup, les mesures a posteriori de lutte contre la pauvreté n’atteignent que partiellement leur cible. Elles manquent en particulier les plus fragiles, les plus isolés, les plus exclus ; bref, ceux qui en ont le plus besoin.
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