L’asbl Brise le silence est une association d’aide aux victimes de violences sexuelles, physiques et psychologiques. Située à Mons, elle soutient chaque jour des femmes et des hommes, souvent accompagnés de leurs enfants. Composée à 100 % de bénévoles, l’association est soutenue par Action Vivre Ensemble depuis plusieurs années. Focus.
« Bienvenue à tous pour briser le silence et exprimer votre souffrance liée à des violences sexuelles, physiques et psychologiques. Ne restez pas seul·e avec cette souffrance ! ». Voici les mots que l’on peut lire sur la page d’accueil du site internet de l’association Brise le silence. Fondée en 2015 par Pascale Urbain, l’association accompagne les victimes de violences. « J’ai été victime de violences sexuelles lorsque j’étais à l’école primaire. À l’époque, le sujet était très tabou. Lorsque je suis sortie du déni et que j’ai eu le courage d’en parler, il était trop tard. Il y avait prescription. Après un long parcours du combattant, grâce à diverses thérapies, j’ai appris à « vivre avec ». Sortir du silence a été libérateur », confie la fondatrice de l’association, qui s’est formée à la psychotraumatologie et à la victimologie au fil des années, afin de pouvoir accompagner « au mieux » les personnes qui se réfugient à Brise le silence.
À l’âge de 50 ans, et avec l’aide de quelques personnes proches ayant elles-mêmes vécu des situations de violences, Pascale Urbain crée alors Brise le silence. Sa raison d’être ? Faire en sorte que les victimes puissent s’exprimer grâce à des groupes de parole et des ateliers d’écriture, sans pour autant se substituer aux psychologues et médecins assurant leur suivi. Pour faire vivre cette mission, l’équipe de bénévoles de Brise le silence (16 au total) se veut solide et pluridisciplinaire : psychologues, victimologues, art-thérapeutes, éducatrices, animatrices brevetées, gynécologues, juristes ou encore des personnes ayant acquis de l’expérience par un parcours de vie que l’on appelle les expertes du vécu.
« J’avais besoin d’être accueillie, écoutée, entendue »
« Dans une prison invisible pour les autres, envahie par la honte et la culpabilité, la perte de confiance en soi et l’estime de soi. Sous les menaces et par peur de ne pas être crue, j’avais besoin d’être accueillie, écoutée, entendue, respectée et protégée », confie l’une des femmes accueillies par Brise le silence. Concrètement, Brise le silence accueille dans ses locaux les victimes de violences quelles qu’elles soient. L’écoute est centrale chez Brise le silence.
Le temps consacré à recevoir les personnes victimes de violences pour écouter leurs maux, leur histoire, est crucial. Il est le point de départ pour enclencher la suite, la « vie d’après » : dépôt de plainte, rendez-vous médical pour constater les violences subies, mise à l’abri dans un logement de transit ou en maison d’accueil, démarrage d’une thérapie… Les bénévoles de l’association orientent les personnes vers des structures spécialisées qui peuvent les accompagner dans leur démarche : maison médicosociale, conseillers juridiques, etc. Brise le silence accompagne également les victimes de violences par l’expression : groupes de parole, ateliers d’écriture, ateliers théâtre, ateliers créatifs.
L’asbl intervient aussi dans la sensibilisation. « Nous organisons des formations et des animations pour des professionnels du secteur psychomédicosocial et de la santé mentale. Educateurs, conseilleurs conjugaux, infirmiers, policiers, médecins généralistes, gynécologues, psychiatres sont autant de personnes que nous formons pour qu’ils puissent accueillir la parole des victimes dans le respect de leur souffrance. » Plus largement, Brise le silence sensibilise le grand public aux violences et à l’accompagnement des victimes : présence lors de salons de la santé, organisation de conférences et de journées thématiques.
Parmi les bénévoles, Brise le silence donne la part belle aux expertes du vécu. Les expertes du vécu fonctionnent sur le principe de la pair-aidance (ndlr : la pair aidance repose sur l’entraide entre personnes souffrant ou ayant souffert d’une même maladie, somatique ou psychique). Elles proposent ainsi « une écoute différente de celle d’un psychologue à la blouse blanche, mais avec suffisamment de distance pour être constructifs », explique Candide, 37 ans, maman de deux enfants, qui a elle-même été victime d’un compagnon violent il y a quelques années et qui a été accompagnée par Brise le silence. « J’ai pris du recul par rapport à ma propre histoire, cela me permet de soutenir les personnes qui arrivent ici. Je comprends leur réalité facilement puisque je suis passée par là. Je sais aussi ce qui m’a été utile pour m’en sortir, pour me protéger et protéger mes enfants », poursuit la jeune femme.
Chaque année, Brise le silence accompagne des centaines de femmes, d’hommes et d’enfants victimes de violences. Pas à pas, l’association épaule les victimes pour qu’elles puissent s’en sortir. Brise le silence permet à ces personnes de se réapproprier leur vie, de prendre le chemin de la liberté, de se reconstruire. Malgré tout.