Cet été, l’Italie a été le théâtre de nombreux actes à caractère raciste. Alors que le discours et les mesures anti-migrants se durcissent, portons notre regard au sud des Alpes, car ce qui se déroule là-bas n’est pas sans écho ici.
Août 1956, 262 mineurs, dont une moitié d’Italiens, périssent dans la catastrophe du Bois-du-Cazier à Marcinelle.
Août 2018, 16 travailleurs agricoles, d’origine africaine pour la plupart, meurent dans deux accidents de la route au sud de l’Italie.
Point commun : ces deux tragédies étaient évitables et, en toile de fond, on distingue dans les deux cas un contexte d’exploitation de la force de travail d’immigrés.
Au sujet du Bois-du-Cazier, faut-il rappeler que le labeur dans les mines de charbon était extrêmement pénible, au point que beaucoup d’autochtones refusaient de descendre dans les puits ? On n’explique pas assez que le site minier du Bois-du-Cazier était insuffisamment sécurisé : « un franc dans la sécurité, c’est un franc en moins de dividende en fin d’année », résume Jean-Louis Delaet, directeur du site du Bois-du-Cazier. On sait comment cela s’est terminé.
De nos jours, on parle trop peu de la situation pénible des travailleurs immigrés dans le sud de l’Italie, pour un salaire dérisoire. Mais qui peut s’étonner que les conditions imposées à cette main d’œuvre bon-marché aient viré au drame ? Les exploitants agricoles sont en cause, bien sûr, de même que les « caporali », ces recruteurs parfois adossés aux réseaux mafieux. Ne passons toutefois pas sous silence l’ensemble de la filière, des consommateurs de tomates que nous sommes tous ou presque, à la grande distribution qui met la pression sur les producteurs pour obtenir des prix aussi compétitifs que possible.