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20 janvier 2022  Archives des actualités

Le restaurant social de La Porte Verte

Cocon ressourçant pour les personnes précarisées

Implanté au cœur de Molenbeek, le restaurant social propose chaque jour des repas chauds et complets à des personnes en situation de grande précarité.

Chaque année, près de 11.000 repas y sont servis. Des repas, oui, mais pas seulement. L’association accompagne également sur le volet psychosocial les usagers et usagères du restaurant qui sont des écorchés par la vie.

Quand on passe la porte du restaurant social de La Porte Verte (situé au cœur du quartier des Étangs noirs, à Molenbeek), on découvre des tables parfaitement dressées (une quarantaine de couverts) comme dans un vrai restaurant. Des nappes à carreaux rouges et blancs recouvrent les tables, des couverts sont minutieusement disposés, un menu élégamment écrit à la craie trône sur une ardoise, un chef qui s’affaire en cuisine et une équipe en salle aux petits soins des personnes qui viennent se restaurer.

Henri, André et Anne-Marie sont attablés à leur « table habituelle », au fond à gauche du restaurant. Sur leurs visages, de grands sourires. Le personnel les appelle par leur prénom. Ils s’échangent des mots gentils. Cela se sent, ils s’y sentent bien. L’atmosphère est si chaleureuse et la bonne humeur qui se dégage de l’équipe sociale de La Porte Verte est si communicative. « Quand on vient ici, c’est comme si nous allions au restaurant. On oublie parfois que c’est un restaurant pour personnes en difficulté », confie André qui vient ici presque chaque jour. Anne-Marie, 94 ans, et Henri, 89 ans, fréquentent également le restaurant social quotidiennement par convivialité et, aussi et surtout, par nécessité : « Nous aimons venir ici car l’ambiance est conviviale et chaleureuse. Surtout en ces temps de coronavirus où nous nous sentons esseulés. Toutes les personnes ici nous aident à faire face à notre situation de pauvreté. Etant donné notre grand âge, nous avons des difficultés à faire nos courses, les prix sont élevés. Ici, nous pouvons manger un repas complet, car sinon nous n’arrivons pas à payer nos charges et trois repas par jour. »

Un menu de 4,50 € ou la gratuité

L’histoire du restaurant social de La Porte Verte ne date pas d’hier. Depuis 1975, l’asbl a développé des services en réponse aux besoins sociaux auxquels elle a été confrontée. Un axe important est l’aide alimentaire, qui se conjugue en deux services : le restaurant social (rue d’Ostende 2) et son annexe (rue de Menin 55) qui assure la préparation et la distribution de colis alimentaires. Près de 3.000 colis y sont distribués chaque année.

C’est en 1984 que le restaurant social a ouvert ses portes pour accueillir en ses murs des personnes fragilisées, tant sur le plan financier que psychosocial. Depuis plus de 40 ans, du lundi au vendredi, le restaurant social propose des repas complets aux personnes en difficulté : entrée, plat, dessert, café et boisson, avec chaque jour, un nouveau menu ! Les repas sont souvent préparés avec les surplus de la collecte alimentaire mais sans que la qualité ne soit relayée au second plan. Les assiettes qui sortent de la cuisine sont particulièrement bien dressées et des produits sains et équilibrés la composent. Pour 4,50 €, les personnes aux plus faibles revenus peuvent ainsi accéder à un repas complet. La gratuité est aussi possible pour les personnes qui n’ont pas de revenus. Il y a une place pour chacun·e à La Porte Verte.

Soutien psychosocial essentiel

En plus des repas, une permanence sociale se tient chaque jour au restaurant social. Cela permet aux usagers et usagères de profiter de leur repas pour ensuite, par exemple, régler une situation administrative compliquée. « Cela se fait dans une ambiance moins tendue que dans un bureau, les personnes ont correctement mangé et sont en confiance pour parler de leur situation », explique l’assistante sociale entre deux assiettes qu’elle pose sur les tables. La permanence sociale travaille également sur la question de la guidance budgétaire. L’idée : répartir ses dépenses en fonction de ses besoins essentiels et éviter à tout prix les situations d’endettement qui peuvent conduire en rue des personnes déjà en situation de grande précarité.

« C’est ma seconde famille, ici. Je suis un homme isolé, je n’ai personne chez moi. Je trouve qu’on est accueilli ici comme dans une famille, oui ! Je connais presque tout le monde. On se serre la main, on se fait un bisou. C’est plus qu’un restaurant. Il y a une présence, une chaleur, que je n’ai pas trouvée ailleurs. Et je trouve que c’est bon. Si un endroit comme ceci se fermait, on serait désemparé. Il faudrait trouver un autre nid… », confie un homme d’une soixantaine d’années, attablé devant une assiette de vol-au-vent.

Briser la solitude et faire du lien

En plus du restaurant social, des animations sont organisées pour les personnes : visites culturelles, ateliers chorale, ateliers de cuisine, cours de langues, etc. Des activités qui permettent avant tout de créer du lien entre les usagers et usagères et de briser la solitude souvent imposée par le manque d’argent. Car comment s’accorder une sortie culturelle si on ne sait pas se payer un repas chaud par jour ? « Afin de toucher un maximum de personnes parmi notre large public, il nous semblait nécessaire de prévoir des activités parallèles aux services de l’asbl, afin de permettre aux usagers et usagères de se rencontrer », raconte l’assistante sociale, avant de poursuivre : « C’est pour nous l’occasion de développer un autre type de relation avec elles et eux. »


Ma femme avait le cancer. Elle a été longtemps fort malade. Après son décès, je suis venu ici souvent car, sinon, j’étais seul chez moi. J’ai commencé à venir ici quand j’étais au chômage, je ne pouvais pas me payer un repas chaque jour. Ici, on mange bien et à sa faim. Quand on a un problème, toute l’équipe est là et essaie de trouver des solutions. C’est rassurant et réconfortant de rencontrer aussi d’autres personnes.

Alexis, 71 ans, qui vient chaque semaine au restaurant social


André, usager régulier du restaurant social, vient ici presque chaque jour depuis plus de 10 ans : « Arrivé en Belgique, j’avais peur car je ne connaissais personne, je me sentais seul... Depuis que je fréquente l’asbl, j’ai retrouvé confiance en moi. Je suis suivi par un psychologue. Je n’ai plus peur du jugement des autres. Je me suis fait des amis lors des animations au sein de l’association. Je parle en toute sécurité. Les membres de l’asbl nous accompagnent dans nos démarches administratives. Je vais bientôt prendre des cours pour apprendre le français et je suis à la recherche d’un travail. »

Ainsi, et depuis 1975, La Porte Verte poursuit une action globale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Ces 47 années d’engagement sur le terrain ont fait de La Porte Verte un acteur majeur à Bruxelles sur la question de l’insertion des personnes en situation de grande précarité. Aujourd’hui, encore plus qu’hier, sa mission est essentielle et particulièrement nécessaire, car elle (re)met l’humanité au cœur de son projet. Elle soutient tout en les incluant les personnes fragilisées qu’elle accompagne pour qu’ensemble, ils, elles, puissent vivre une vie digne.





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