Etude publiée par Vivre Ensemble Education.
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Etude publiée par Vivre Ensemble Education.
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
« Ah, la jeunesse… », disent les aînés avec nostalgie quand un jeune leur dit qu’il a 18 ou 20 ans. L’âge où l’on a par définition l’avenir devant soi. Les jeunes sont les adultes de demain. ils vont prendre le relais, apporter leur énergie et leurs talents pour faire avancer la société. Cette période, en sandwich entre l’enfance (supposée) insouciante et l’épanouissement (espéré) de l’âge adulte, est faite de projets, de rêves, mais aussi de contraintes et d’incertitudes. Le chemin de l’enfance à l’âge adulte, c’est celui de la dépendance à l’autonomie, de l’indétermination à des choix de vie dans les domaines affectif, professionnel, citoyen.
Ce chemin, on pourrait dire que les jeunes le parcourent tous avec un sac sur le dos. Dans ce sac, on peut trouver des atouts, des outils, des vivres, des ressources pour la route, pour mener à bien des projets :
une famille – et son logement – qui apporte l’indispensable sécurité affective, psychologique et matérielle, qui encourage et fait confiance ;
un réseau d’amis et de copains qui procurent la reconnaissance, qui permettent de s’amuser et de progresser avec d’autres ;
des compétences valorisées notamment par une scolarité bien vécue ;
une confiance en soi et une connaissance de son environnement qui conduiront à l’autonomie.
Malheureusement, ce sac peut aussi renfermer un certain nombre de cailloux qui entravent la marche :
un vécu familial difficile pour diverses raisons : parents en difficultés (santé, chômage), séparations, maltraitance …
des problèmes financiers,
un sentiment d’isolement et d’exclusion,
un réseau d’amis inexistant ou « toxique » : des copains qui vivent les mêmes difficultés peuvent se tirer mutuellement vers le bas.
un déracinement parfois, quand il a fallu quitter son pays pour trouver refuge chez nous,
une scolarité chaotique qui mine la confiance en soi,
l’absence de perspectives enthousiasmantes.
LA VIE DE FAMILLE ? COMPLIQUÉ !
« Je ne connais plus mon père depuis trois ans déjà. Nous sommes six à la maison mais notre soeur n’habite pas à la maison, elle habite chez grand-mère et notre frère est handicapé et il habite à l’école pendant la semaine. Notre soeur habite chez grand-mère depuis l’arrivée de notre beau-père. Nous habitons un week-end sur deux chez notre grand-mère et notre grand-père. Nous pouvons aussi y aller le soir ». [6]
Il y a des jeunes qui accumulent ces cailloux dans leur sac, au point que leurs atouts – ils en ont tous – sont écrasés sous le poids des épreuves, des manques, des échecs, des souffrances. Chez nous, ils sont 22 % [7] à vivre sous le seuil de pauvreté. Scolarité trop tôt arrêtée, liens familiaux conflictuels ou carrément rompus, revenus insuffisants des parents, confiance en soi malmenée … de mauvaises conditions pour accéder à l’autonomie !
Une autonomie d’autant plus difficile que le contexte de crise que nous connaissons rend l’entrée dans la vie active problématique, même pour les jeunes plus favorisés : un jeune sur trois est au chômage [8], beaucoup d’autres vivent d’intérims, de boulots précaires, parfois malgré un diplôme élevé. Les médias ne se privent pas de l’asséner à longueur de journée, ce qui n’aide bien sûr pas les jeunes à se projeter dans un avenir positif.
Ces difficultés personnelles révèlent un mal-être plus global : celui d’une société qui, via la publicité, pousse à la fuite en avant dans la surconsommation sans en donner les moyens à tous ; une société qui semble courir à sa perte tant elle tarde à sauvegarder la planète ; une société où l’on bavarde par écrans interposés et où l’on se parle de moins en moins ; une société qui ne reconnaît plus l’être qu’au filtre de l’avoir …
Les dispositifs pour épauler les jeunes existent : publics ou associatifs, ils aident les jeunes à retirer les cailloux de leur sac à dos – quand c’est possible – pour laisser émerger leurs atouts. Parfois il faut du temps, parce que les blessures sont profondes, que l’estime de soi est à reconstruire, parce qu’il y a beaucoup de noeuds à défaire pour permettre au jeune de se (re)mettre en route.
La tâche peut sembler immense, tant certains sont déjà, très jeunes, « désocialisés », marginalisés, désespérés. Pourtant, dans la majorité des cas, il ne s’écoule pas beaucoup de temps entre le moment où un jeune comprend qu’il y a quelqu’un qui est là pour lui, qu’il peut être utile aux autres et qu’il a plus de capacités qu’il ne le croit et le moment où il révèle des atouts, des qualités insoupçonnées qui surprennent, lui-même le premier.
On voit alors des jeunes qui « se bougent », qui s’engagent, qui reprennent leur vie et leur avenir en mains. Pas de miracle en la matière : persévérance et patience sont de mise ; parfois on n’y arrive pas. Mais ces échecs sont minoritaires. Ce dossier, après avoir décrit la difficulté d’être jeune en 2012 – a fortiori jeune vivant dans la précarité –, montre l’énorme dynamisme des moins de 25 ans et des associations qui les accompagnent sur le chemin de l’autonomie.
page archivée