En matière d’émancipation sociale, l’école est en échec depuis longtemps.
Diverses pédagogies dites « actives » ont montré qu’elles favorisent la réussite de tous les enfants, y compris quand ils sont issus de milieux défavorisés. Encore trop rarement utilisées, surtout dans le secondaire, elles constituent pourtant une piste de choix vers la réduction des inégalités sociales à l’école.
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Jadis lieu d’émancipation sociale, grâce auquel le fils d’ouvrier pouvait espérer atteindre une position supérieure à celle de ses parents, l’école ne semble plus remplir cette mission. L’ascenseur social est en panne.
Pourtant, si l’on en croit le décret « Missions » de l’enseignement de la fédération Bruxelles-Wallonie, l’école doit :
« 1°) promouvoir la confiance en soi et le développement de la personne de chacun des élèves.
2°) amener tous les élèves à s’approprier des savoirs et à acquérir des compétences qui les rendent aptes à apprendre toute leur vie et à prendre une place active dans la vie économique, sociale et culturelle ;
3°) préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d’une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures ;
4°) assurer à tous les élèves des chances égales d’émancipation sociale. »
Malheureusement, on est bien loin du modèle d’une école qui donnerait à tous les jeunes les mêmes chances de développer leur potentiel pour être en mesure, à la fin de leurs études, de prendre une place active dans la société, en tant que citoyens et en tant que travailleurs.
Technologies de pointe, finance, gestion des affaires… les professions les plus rémunératrices et les plus valorisées, socialement parlant, sont – ou étaient jusqu’à récemment – des métiers très qualifiés, utilisant surtout l’intelligence logico mathématique et l’intelligence linguistique .
Au contraire, les métiers liés à l’éducation, à l’aide aux personnes et les métiers techniques apportent moins de reconnaissance sociale et, le plus souvent, un revenu moindre.
Conséquence : l’enseignement s’est calqué sur ce modèle de société. Le nec plus ultra, c’est l’enseignement général qui ouvre sur les études supérieures, de préférence universitaires. En cas d’échec, l’élève est orienté vers la filière technique de transition, ou/puis vers l’enseignement de qualification et professionnel. C’est dans l’enseignement spécialisé et le premier degré différencié (qui mène le plus souvent à l’enseignement de qualification) que l’indice socioéconomique moyen des élèves est le plus faible. Il existe donc un lien avéré entre l’échec scolaire et l’appartenance à un milieu défavorisé.
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