Peut-on lutter contre la pauvreté tout en se disant « neutre », ou en se passant d’une analyse des rapports de force à l’œuvre dans la société ? Est-il possible et souhaitable de mettre la critique politique entre parenthèses, sous prétexte d’efficacité dans l’action ?
Organisations d’aide humanitaire, opérations médiatiques d’appel à la générosité, initiatives en transition… A priori, peu de choses unissent ces trois types d’action.
Une même option les rapproche toutefois : dans des registres différents et avec des nuances, tous trois affichent la volonté de ne pas se mêler des débats à consonance politique. Les raisons de ce choix sont différentes sous certains aspects, mais présentent aussi des parallélismes.
Ce qui est spécifique tient surtout aux objectifs que se fixent ces organisations :
Dans chacun de ces cas, l’action en tant que telle n’est donc pas « neutre » (aucun acte ne l’est) mais elle est dite apolitique, au sens où, dans le cas de l’aide humanitaire et des actions médiatiques, ce n’est pas l’organisation politique de la société qui est visée et, surtout, que ces actions évitent d’être positionnées sur le traditionnel clivage gauche-droite. Les initiatives de Transition, elles, visent bien une transformation de la société, mais « par le bas » et non « par le haut » comme dans le fonctionnement politique traditionnel.
Ce qui est similaire pour les trois groupes :
Le choix de la neutralité, au sens d’éviter les controverses politiques, est-il opportun dans tous les cas ?
Pour ce qui concerne les liens entre les initiatives de Transition et la politique, nous renvoyons à l’analyse « Initiatives citoyennes : et le politique dans tout ça ? » publiée par Vivre Ensemble en 2016, en attendant qu’une prochaine analyse approfondisse peut-être encore la question. Nous nous concentrerons ici sur les deux autres modes d’action : l’aide d’urgence et les opérations médiatiques.