La grande presse écrite et audiovisuelle quotidienne agit comme un filtre de la réalité : pour celui qui s’en contente, ce dont ils ne parlent pas n’existe pas. On peut donc en attendre, a fortiori quand ils sont de service public ou se disent de référence, une information qui aille au-delà des simplifications caricaturales et du sensationnalisme. Qu’en est-il de la pauvreté et des personnes qui la vivent ? Les médias sont-ils dans ce domaine la meilleure ou la pire des choses ?
À l’ère de la pensée unique néolibérale, la pauvreté nous est rarement présentée
comme un scandale ou une injustice : les médias, majoritairement porte-voix fidèles de cette pensée, la présentent comme un parcours personnel, une triste réalité, certes, mais inévitable. Ils se cantonnent le plus souvent à quelques faits, quelques portraits, sans aller plus loin dans l’analyse des causes profondes de la pauvreté et sans en montrer toutes les dimensions. Surtout, ils montrent la pauvreté dans ses formes extrêmes, comme le sans-abrisme ou la mendicité ; beaucoup moins la pauvreté ordinaire, invisible. Les personnes filmées ou interrogées sont des victimes – de la fatalité, du froid… -, jamais des acteurs/tices de leur vie ou des battant-e-s.
En expliquant que la pauvreté est un problème collectif, social, avant d’être individuel, et en démontant des clichés qu’ils ont plutôt tendance à conforter, les médias pourraient jouer un rôle positif dans la lutte contre la pauvreté.