Une somme versée inconditionnellement à chacun : une idée simple, mais dont les modalités de mise en œuvre font pencher la balance tantôt du côté du « chacun pour soi », tantôt du côté de la justice sociale. Le projet vaut en tout cas la peine qu’on aille au-delà des prises de position hâtives ou de principe.
Allocation universelle, revenu de base, revenu universel, salaire à vie… le sujet est à la mode et déclenche des débats passionnés, pour plusieurs raisons. Notamment :
Dans notre « État social actif », le fait de recevoir une somme de façon inconditionnelle, c’est-à-dire sans répondre à quelque critère que ce soit, et sans contrepartie (recherche d’emploi, formation, service à la communauté) paraît à d’aucuns au mieux incongru, au pire scandaleux, car cela encouragerait l’oisiveté et le parasitisme.
Ce projet est porté par des représentants de diverses couleurs politiques, y compris de droite, ce qui rend méfiants les acteurs sociaux de gauche : ils y voient un prétexte pour détricoter notre système de sécurité sociale, si chèrement tricoté et déjà si mité…
Nous ne développerons pas d’emblée tous les arguments pour et contre l’allocation universelle, ce qui n’aurait pas de sens avant d’avoir précisé les modalités envisagées : le montant (300, 600, 1500€ ?), les bénéficiaires (adultes, enfants ?), le financement, ce qu’il advient des dispositifs sociaux existants…
En effet, plusieurs formules existent : certaines proposent un montant assez élevé et un démantèlement partiel ou plus large de la sécurité sociale (allocations de chômage, remboursement des soins de santé…). D’autres tablent sur un montant plus faible, sans toucher aux acquis sociaux.
Derrière chaque ensemble de modalités, chaque « version » du revenu de base se cache un projet de société : veut-on renforcer le rôle de la solidarité collective, organisée par l’État (ou les entités fédérées) et utiliser le revenu de base comme un élément de cette solidarité ? Ou veut-on au contraire donner à chacun.e les moyens minimaux pour assumer seul.e les coûts liés aux événements de la vie (perte d’emploi, maladie, naissances…) en affaiblissant parallèlement la sécurité sociale actuelle ?
En novembre 2017, Vivre Ensemble a organisé une journée de débats et de réflexion sur ce sujet, en présence d’orateurs, mais aussi d’associations de lutte contre la pauvreté (salariés, bénévoles, bénéficiaires ou membres).
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