De plus en plus de personnes souffrant de troubles de la santé mentale se présentent dans les associations de lutte contre la pauvreté. Comment ces dernières font-elles face à une situation qui peut perturber leurs activités et à laquelle elles ne sont pas préparées ? Elles aspirent à une meilleure collaboration avec les services de santé mentale, mais la réforme de ce secteur ne leur facilite pas la tâche.
On constate que l’augmentation de la pauvreté et de l’exclusion sociale suite à la crise financière de 2008 a accentué et multiplié les problèmes liés à la santé mentale. Selon une enquête de l’Institut de santé publique, en 2013, 32% de la population âgée de 15 ans ou plus éprouvaient des difficultés psychologiques (anxiété, dépression, troubles du sommeil), c’est-à-dire une personne sur trois. Entre 2001 et 2008, seulement 25 à 26% de la population exprimaient ce problème. Les personnes issues des ménages les moins scolarisés (niveau primaire ou sans diplôme) ont en moyenne un score de mal-être plus élevé. Elles sont plus nombreuses à ressentir des difficultés psychologiques (43%) et des suspicions de pathologie (28%) .
Certains troubles psychiques entraînent l’exclusion sociale : ils peuvent engendrer de nombreuses difficultés au quotidien, comme trouver (et garder) un logement, un travail, établir un réseau de relations sociales. Peu à peu, c’est le cercle vicieux de l’exclusion qui se met en place. Inversement, l’exclusion sociale entraîne, à la longue, des troubles psychiques.
Les associations de lutte contre la pauvreté n’ont ni les compétences adéquates, ni le personnel pour gérer un public présentant des pathologies mentales lourdes.
À côté des réflexions et réorganisations, c’est le lien entre les associations de lutte contre la pauvreté et le secteur des soins de santé mentale qui doit être repensé et, plus largement, l’accès aux soins de santé mentale pour les personnes socialement exclues.
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