Une soirée passionnante où se sont croisés les regards et les expériences de « nous », vécus par les quatre intervenants.
« Dire Nous », tisser des solidarités pour une justice sociale et environnementale : ce thème a rassemblé Philippe Lamberts, Christine Mahy, Anne-Catherine de Nève et Myriem Amrani autour d’une table et devant le public rassemblé dans un auditoire à Louvain-la-Neuve, le 19 novembre dernier. Une soirée passionnante où se sont croisés les regards et les expériences de « nous », vécus par les quatre intervenants.
Le « Vnous » d’Anne-Catherine, qui coordonne le groupe Brabant wallon de la Plateforme citoyenne d’aide aux réfugiés. Vous et nous, nous et vous, hébergeurs (souvent hébergeuses), chauffeurs et « invité·e·s », sans compter ceux et celles qui collectent, stockent et distribuent des vivres, des vêtements, des sacs de couchage, qui accompagnent, soignent, soutiennent moralement. Un immense « Vnous » qui compense la passivité et même l’hostilité de nos gouvernants face à ces migrants et migrantes souvent très jeunes et très traumatisés par leur parcours et les mauvais traitements qui l’ont jalonné. Quand ce migrant est dans votre salon, témoignait Anne-Catherine, le vous et le nous se mélangent, les liens se nouent, la solidarité et la résistance font bon ménage.
Le « nous » de Philippe Lamberts, engagé en politique – depuis 10 ans au Parlement européen –, n’a qu’une boussole : celle des droits humains, de la dignité de chacun·e. On le sait, des changements fondamentaux sont nécessaires pour la survie de l’humanité. Mais ces changements ne seront acceptés que s’ils sont perçus par nous tous comme nécessaires, pertinents et, surtout, justes. C’est là que « gilets verts » et « gilets jaunes » – avec lesquels Philippe Lamberts a dialogué – se rejoignent dans leurs revendications. La justice sociale est la condition pour qu’émerge l’indispensable « nous » qui permettra de garder notre terre vivable pour l’humanité.
Le « nous » de Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, c’est celui de ces personnes membres du réseau, qui ont bien compris les enjeux écologiques, mais qui ont bien compris aussi qu’il ne s’agit pas de leur sacrifier l’exigence de justice sociale. Une exigence qu’ils rappellent régulièrement dans les marches pour le climat. Pas pour opposer l’une et l’autre ; au contraire, pour les lier et en faire un combat commun.
Enfin, le « nous » de Myriem Amrani est double : c’est celui de l’action sociale locale, puisqu’elle est présidente du CPAS de Saint-Gilles, et celui de Dakira, l’association qu’elle a fondée pour promouvoir le dialogue interculturel. Ce « nous » interculturel, entre populations « belgo-belges » et « d’origine immigrée » reste selon elle à construire : les revendications d’égalité, dans les années 80, n’ont pas été entendues. Est-ce pour cela qu’est apparue ensuite celle du « droit à la différence » et que mettre en avant cette différence, notamment religieuse, a été une manière de tenter d’exister dans la société ? C’est en tout cas l’hypothèse que pose Myriem.
Ceci n’est qu’un bref aperçu de cette riche soirée au cours de laquelle les intervenants ont échangé leurs points de vue et leurs expériences, animés par Martine Cornil, ancienne animatrice à la RTBF. La soirée, organisée en collaboration avec le Kot à projets « Kout’pouce », a été appréciée autant par les étudiants que par les proches de Vivre Ensemble. Une belle ouverture pour la campagne d’avent, une belle invitation à continuer à « dire nous », contre vents et marées !