39 associations liégeoises de lutte contre la pauvreté nous le disent !
Pas toujours évident de s’arrêter toute une journée, quand on a le nez dans le guidon de tant de soucis pressants à gérer. Et la situation actuelle met tellement d’associations qui travaillent avec des personnes en précarité de plus en plus dans le stress et l’urgence…
Malgré ce contexte, une septantaine de personnes sont venues des quatre coins de la province de Liège pour croiser leurs expériences, leurs regards et leurs questions, ce vendredi 25 novembre dans les locaux accueillants et inspirants de La Tchicass, au cœur du quartier populaire d’Outremeuse.
Des « entrepreneurs sociaux » (bénévoles ou professionnels) qui ont beaucoup à partager et à nous dire sur l’avenir !
Ecole de devoirs, maison de quartier, service d’insertion sociale, association de lutte pour le droit au logement, réseau d’échanges de savoirs, accompagnement de personnes réfugiés ou primo-arrivantes, cafétéria sociale, maison interculturelle, ateliers pour personnes à long parcours psychiatrique, centre d’éducation permanente, maison de jeunes, salon de coiffure sociale, accompagnement de personnes isolées, centre d’insertion socioprofessionnelle ou maison d’hébergement pour familles en détresse…
Quand des acteurs de 39 initiatives concrètes se rencontrer durant une journée pour partager leur vécu dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, ça donne des échanges… très riches !
Oui, ces associations expérimentent au quotidien la force du « Ensemble, on a le pouvoir de … ».
Le matin, leur présentation croisée en 4 ateliers a mis en lumière bien des visages dont la vie a changé : des enfants prennent confiance et s’accrochent dans l’apprentissage, des jeunes peuvent se relancer dans la vie, des mamans se rencontrent un moment pour se renforcer , des gars paumés venant d’ailleurs découvrent un espace où se poser et se faire accompagner, des familles retrouvent un lieu de convivialité via un jardin communautaire ou un lieu d’accueil, des personnes vivant dans la rue ont pu trouver simplement un regard et une attention qui les fait se sentir un peu plus humains. Et tant d’autres exemples entendus lors de cette journée…
Même si toutes ces actions de terrain n’inversent pas l’actuelle dégradation sociale, accélérée et alarmante, elles font vivre un esprit de résistance et proposent concrètement de nouvelles façons plus humaines de faire société.
Oui, ensemble, on a le pouvoir de changer les choses !
Toutes ces associations en sont convaincues, parfois un peu, parfois beaucoup…
C’est qu’on ne peut pas tenir dans ce métier ou dans ce volontariat-là si on n’a pas la passion de la solidarité. Et tout le monde est d’accord que dans ce type d’engagement, on se donne énormément… et on reçoit aussi tellement au contact des enfants, des jeunes, des gens !
Mais l’unanimité se fait aussi dans le constat inquiétant d’éprouver chaque fois plus de difficultés de passer son temps à répondre à des normes qui cantonnent les enthousiasmes dans des règles administratives de plus en plus serrées, avec des moyens financiers souvent de moins en moins viables.
Alors que ces associations font face au quotidien à des problèmes d’exclusions sociales multiples qui se sont endurcies, les mesures budgétaires s’accumulent et font de plus en plus mal.
Comment faire face à cette réduction continuelle de moyens financiers ? Que réclamer, comment mieux ouvrir les yeux du monde des décideurs politiques ? Que créer, face à cette précarisation des associations qui accompagnent les plus précaires de nos villes et villages ?
Ces « entrepreneurs sociaux », ne méritent-ils pas bien plus d’appui pour toute la richesse sociale qu’ils créent ?
C’est autour de toutes ces questions que les échanges avec Christine Mahy (secrétaire générale du RWLP, le Réseau wallon de Lutte contre la Pauvreté) ont tourbillonné l’après-midi.
Comment, dans nos actions au quotidien avec les familles en difficulté, ne pas perdre de vue que réduire la pauvreté, c’est nécessairement aussi réduire les inégalités criantes d’accès aux droits de base aujourd’hui ? Comment augmenter la force de changement humain des associations en formant ensemble, comme réseau, un levier plus puissant et plus efficace, qui permet de donner encore une autre dimension, plus structurelle, à nos activités locales de terrain ?
Avec son langage didactique, clair et interpellant – vivement souligné par les participants-, Christine Mahy a tracé avec nous des pistes d’élargissement, de renforcement, d’ouverture de nos actions.
Ces échanges et tous ceux au long de cette journée posent des questions graves, mais ils donnent en même temps des idées, du souffle et de la motivation !
Comme la Tchicass, le nom de la maison de quartier qui a accueilli cette assemblée associative Vivre Ensemble 2016 ?
La « tchicass », dans le langage wallon liégeois, c’est la bille gagnante.
Dans le drôle de jeu de billes que nous vivons tous aujourd’hui, déconcertant, parfois révoltant, parfois étonnant, parfois magnifique… et si ça voulait dire la Solidarité ?
Face aux défis qui nous attendent, on aura besoin plus que jamais de la « tchicass », de la bille gagnante, non ?