Mgr Jean Kockerols nous rappelle , à l’occasion de l’ouverture du Temps de l’Avent, que 34% des Bruxellois vivent sous le seuil de pauvreté.
Ce lundi 02 décembre, Mgr Jean Kockerols, évêque auxiliaire pour Malines-Bruxelles, s’est rendu dans les locaux de l’asbl Chez nous - vzw Bij Ons, à Bruxelles-Centre. Une visite dans le but de rencontrer les responsables et les habitués de ce centre d’accueil de jour pour personnes sans-abri, qui s’inscrit dans un réel souci pastoral. Celui de faire de la diaconie une réalité humaine et ecclésiale de chaque jour.
Bij Ons, Chez Nous, ne pouvait pas mieux porter son nom. Imaginé à la fin des années ’90 comme un lieu ouvert à toute personne en situation de détresse, l’association accueille, en journée, des hommes et des femmes précarisés, des sans-abris de longue date, des jeunes temporairement à la rue. A ces publics aux parcours toujours anguleux, Bij Ons offre de la chaleur, des repas, des produits d’hygiène, un accès à des sanitaires. Tout cela, avec beaucoup de bon sens, et quelques règles nécessaires. Membre aux côtés de six autres initiatives des Verenigingen waar Armen het Woord Nemen, Bij Ons entend bien respecter ceux qui le fréquentent pour ce qu’ils sont. Des hommes et des femmes dont la parole mérite qu’elle soit entendue.
Une parole pour demander davantage de toilettes publiques gratuites, y compris pour les femmes. Une parole pour réclamer le droit à l’occupation de bâtiments inoccupés, une parole pour faire valoir le droit des plus démunis d’accéder à l’eau potable. Ces combats, l’asbl les mène avec ses quelques collaborateurs, et grâce au concours de ceux et celles qui fréquentent ses murs. On lui doit notamment l’organisation du Pispot festival, dont le thème l’année prochaine devrait être celui de la visibilité. Un acte de résistance pacifique et d’éveil de la conscience collective face aux communes qui tendent à cacher cette misère trop proche de leurs artères commerçantes…
Mgr Kockerols se sera risqué à poser la question à Bart, coordinateur principal du projet, mais aucune donnée ne saurait aider à quantifier le nombre de personnes sans-abri à Bruxelles. Autour de 2500, probablement. Un chiffre qui varie, selon que l’on tienne compte des sans-papiers, des personnes temporairement sans toit, des personnes qui travaillent mais trop peu que pour conserver un logement décent. L’urgence, c’est d’informer, et de se mobiliser. Et de répondre au triple credo de l’asbl : offrir des réponses pratiques, des services sociaux, et mener des actions plus politiques. Un engagement qui se traduit d’abord par l’accueil et le service offerts à une 80aine de visiteurs chaque jour, dont une cinquantaine qu’il faudra nourrir. Et dans tous les cas, continuer à témoigner, dans les écoles notamment, de ce que traversent les personnes sans-abri, de cette humanité qui a terriblement besoin d’elle-même. C’est pour cela que Christiaan raconte son histoire, aux jeunes comme aux vieux, lui qui a été à la rue pendant 8 ans. C’est pour cela aussi que Bart croit à ces logements mis sur pieds en partenariat avec des AIS, pour que des femmes puissent peu à peu se reconstruire un parcours de vie. Ou continue de songer aux suites à offrir à des projets comme ce restaurant social où les gains servent à nourrir les moins favorisés, sans ségrégation inutile. Bart et Christiaan le reconnaissent : tous ne sortiront pas de la rue. Certains connaîtront des épisodes plus heureux, d’autres retrouveront une véritable stabilité. A l’image d’une asbl dont l’avenir est plutôt serein, mais jamais garanti.
Ce lundi, Mgr Kockerols a également souhaité rencontrer ceux et celles qui franchissent le seuil de Bij Ons/Chez Nous. Comme Frédéric, qui à 22 ans, a rompu les liens avec un foyer qui l’aurait abusé. Depuis 18 ans, il galère de maisons d’accueil en centres d’hébergement, entre le Samu social et plusieurs refuges comme Bij Ons. Il se verrait bien faire du jardinage, ou construire des structures dans le bâtiment. Yacine, lui, dénoncera la mixité des populations dans les centres et dans les squats, et la difficulté d’obtenir des papiers qui en nécessitent d’autres… Cela fera bientôt 18 ans qu’il vit dans la rue. Akim, lui, a réussi à s’en sortir. Et a renvoyé l’ascenseur, en étant aujourd’hui bénévole au centre. Un centre qui continue d’accueillir les bonnes volontés, les demandes d’animation, et les dons de toutes sortes. Ici, l’Avent, c’est toute l’année.
PE Biron