André Gailly s’est éteint ce 3 septembre. Il a marqué de son empreinte notre action jusqu’à ce jour. Nous lui en restons profondément reconnaissants.
C’est avec beaucoup d’émotion et de tristesse que nous avons appris le décès ce 3 septembre d’André Gailly, ancien secrétaire général d’Entraide et Fraternité-Broederlijk Delen et ancien chargé de projets Amérique latine et projets intercontinentaux.
Il s’est éteint à l’âge de 92 ans, au terme d’une longue et féconde vie « au service des plus petits ». Sans doute, ce langage n’est-il plus beaucoup utilisé par les nouvelles générations mais il dit tellement de notre ami disparu. La richesse de son analyse et surtout son implication profonde, pratique, politique et spirituelle dans ce qui était pour lui un vrai choix de vie frappait, en effet, quiconque a eu la chance de le rencontrer et de travailler avec lui. « Il est entré dans la Vie après avoir si longtemps travaillé à ce que la vie des autres, à commencer par celles des plus petits, soit meilleure », nous a écrit Michel Molitor, ancien président d’Entraide et Fraternité-Action Vivre Ensemble.
André Gailly fut secrétaire général d’Entraide et Fraternité-Broederlik Delen durant les années ‘70 quand les deux organisations formaient une ONG nationale. Il y forma un remarquable tandem avec l’abbé Basile Maes, y compris au niveau des organisations catholiques pour le développement d’Europe et d’Amérique du Nord. Il a ensuite contribué, en 1978, à mettre sur pied Entraide et Fraternité en tant qu’ONG francophone autonome dans une ligne progressiste tant en Église que dans la société civile et cette fois en tant que chargé de projets pour l’Amérique latine. Dans le sillage de la Belgo-brésilienne Yolanda Thomé et jusqu’à sa retraite à la fin des années 80, il a ouvert l’ONG aux enjeux et richesses de cette région du monde. Il a consolidé et bâti des partenariats exceptionnels avec tant d’ONG latino-américaines, particulièrement au Brésil, au Chili et au Pérou ainsi qu’en témoigne Xavier Jadoul, qui lui succéda comme chargé de projets : « Alors que ces trois pays vivaient à cette époque des violences structurelles importantes avec des dictatures sanguinaires, André a donné priorité à des acteurs de terrain qui ont pu tout au long des années développer des ‘résistances’, qu’elles soient syndicales ou populaires, et qui ont ainsi participé à l’avènement de la démocratie. Sa foi en Jésus-Christ, homme-Dieu, lui a permis d’approfondir la religiosité populaire et de mieux connaître et appuyer à travers la Commission d’Entraide et Fraternité pour l’Amérique latine et centrale des projets et programmes de conscientisation et de formation d’adultes en accompagnant cette Église engagée par la théologie de libération. André est aussi celui qui avait créé des fonds locaux pour permettre à des petites initiatives locales - de quartier ou de la base syndicale - de se développer… »
C’est avec une même conviction qu’André Gailly a soutenu l’appui de partenaires intercontinentaux dont la JOCI, le CETRI, l’ex-Centre Lebret, l’Association œcuménique des théologiens du Tiers-Monde ainsi qu’en témoigne Jacques Briard qui prit sa relève pour tous ces projets.
Son travail en tant que chargé de projets le poussait à informer les groupes d’ici, à faire réfléchir nos relais locaux belges, à éveiller les consciences. Cela permit des avancées vraiment considérables de groupes dans toute la Wallonie et à Bruxelles.
Dans les années ‘70, André Gailly a fortement encouragé et soutenu le lancement d’Action Vivre Ensemble, notre association sœur, pour commencer à la développer dans la même ligne qu’Entraide et Fraternité tant pour le soutien aux initiatives de lutte contre la pauvreté et l’exclusion à Bruxelles et en Wallonie que pour l’éducation à la solidarité et les interpellations politiques.
En cette époque où notre monde, ses démocraties et ses Églises ont à relever d’énormes défis, tout ce que fut et fit André Gailly, comme homme, citoyen, chrétien, époux, père et grand-père peut continuer à inspirer tous ceux et celles qui cherchent à s’engager le mieux possible pour « Agir pour la justice sociale dans le monde » ainsi qu’y invite le livre publié en février 2021 par nos organisations pour marquer leurs 60 et 50 ans d’activités.
André Gailly était une personne humble, bienveillante, sereine, calme, à l’écoute de toutes et tous sans distinction. Ainsi qu’en témoigne Nelly Rincon, notre plus ancienne collaboratrice qui l’a encore connu comme collègue, « il avait une gentillesse et douceur dans le regard, la parole. Il a été un guide. L’écouter et travailler ensemble a été un privilège et une énorme richesse. »
Oui, André Gailly aura marqué de son empreinte nos organisations mais aussi celles qu’il a côtoyées à travers le monde. Nous lui en restons profondément reconnaissants. Nous lui devons tant. Tous ceux et celles qui l’ont connu l’ont aimé et estimé. Ses engagements nourriront longtemps encore notre action pour « dénoncer et annoncer » comme il aimait à le dire.
Nous exprimons toutes nos condoléances à son épouse et à tous les siens. Nous devinons combien André leur manque déjà.