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14 avril 2021  Archives des actualités

L’association Sans Moyen, dernier filet de sécurité avant la rue pour des familles précarisées

Sans Moyen est une jeune asbl fondée en 2019 au départ d’une association de fait présente depuis une vingtaine d’années à Dison.

Son objectif ? Fournir une aide matérielle aux familles de Verviers et Dison ne disposant d’aucun revenu ou de revenus trop faibles pour vivre décemment. Une mission essentielle pour éviter à ces familles « sur le fil » de se retrouver à la rue.

Sans Moyen intervient directement au domicile des personnes en situation de pauvreté ou de très grande précarité. Elle met tout en œuvre pour permettre à ces familles démunies de conserver leur domicile dans des conditions de vie dignes et saines. Sans Moyen constitue souvent leur tout dernier recours et représente leur dernier filet de solidarité.

Précarités multiples

Si les personnes accompagnées par Sans Moyen ont un toit sur leur tête, cela ne suffit malheureusement pas à assurer une vie décente. En effet, ces personnes doivent souvent faire face à des formes de précarité transverses et multiples vécues au sein même du domicile.

Précarité énergétique, d’abord : faute de moyens suffisants, ces familles ne peuvent souvent pas ou très peu se chauffer. Elles ont perdu tout accès - pour certaines d’entre elles suite à des factures impayées - à l’eau, au gaz ou à l’électricité et sont amenées à vivre dans des conditions extrêmement précaires. Avec le temps et la difficulté à chauffer leur logement, l’humidité gagne du terrain et le rend petit à petit insalubre.

Les bénéficiaires de l’association Sans Moyen sont aussi souvent exposés à une précarité alimentaire. Si un frigo est présent dans le logement, celui-ci est vide la plupart du temps, ou rempli grâce aux associations d’aide alimentaire. Au niveau sanitaire, les personnes soutenues sont aussi peu équipées : elles n’ont pas les moyens d’être suivies par des médecins ou l’argent pour acheter les médicaments qu’on leur prescrit. Ces personnes en situation de pauvreté font donc face à des choix cornéliens : se soigner ou manger, se chauffer ou avoir accès l’eau, payer leur loyer ou consacrer cet argent à des biens de première nécessité. Cette précarité sanitaire a des conséquences désastreuses sur la santé des personnes appauvries qui souffrent de maladies chroniques (bronchites chroniques, diarrhées, etc.), encore amplifiées par l’insalubrité du logement dans lequel elles vivent.

90 familles sont actuellement soutenues

À ce jour, l’asbl Sans Moyen vient en aide à une centaine de familles. L’appui est d’abord et avant tout financier et permet aux familles de garder la tête hors de l’eau, de régler les factures d’électricité et de gaz, les médicaments, les besoins scolaires des enfants et l’achat de nourriture. Sans Moyen œuvre au profit d’une population ne relevant d’aucune aide structurelle, donc le plus souvent dans le dénuement le plus complet et vivant dans des conditions matérielles extrêmement précaires. « Notre travail de terrain consiste à rendre visite aux familles en situation de nécessité. Durant la visite, nous essayons d’évaluer au mieux les besoins primordiaux des familles. Ce contact est important : il témoigne du quotidien de ces personnes. Souvent, les familles auxquelles nous rendons visite vivent dans des logements insalubres. Cette situation est souvent synonyme de santé fragile. Les enfants ne grandissent pas dans de bonnes conditions et peuvent éprouver des difficultés au niveau scolaire » témoignent Aurélie et David, bénévoles de l’association Sans Moyen.

Prévention au sans-abrisme

Dans sa mission, l’asbl Sans Moyen agit activement pour ce que l’on appelle la « prévention au sans-abrisme ». En maintenant les personnes précarisées dans leur domicile et en leur évitant l’expulsion, Sans Moyen permet ainsi de casser la spirale vicieuse qui conduirait inéluctablement ces familles précarisées vers la perte de leur logement et la vie en rue.

Concrètement, les bénévoles de l’association se rendent au domicile des personnes les ayant contactés et évaluent, avec elles, leurs besoins primordiaux. Ensuite, en parallèle du soutien concret (aide alimentaire, règlement des impayés, etc.), les membres de l’association accompagnent les familles à faire valoir leurs droits pour qu’elles puissent bénéficier de l’aide du CPAS ou du soutien d’autres organismes. Sans Moyen est également active dans la médiation de dettes et accompagne les familles qui vivent ces situations.


Parcours de vie
La maman vient d’Algérie. Son mari vient d’Europe du Sud. Le couple et leurs quatre enfants vivent à Verviers depuis plus de 10 ans. Ils voudraient pouvoir y rester ensemble. Ils sont sans papier, mais surtout, leur situation ne cesse de fluctuer au gré des aides et retraits d’aide de la part de l’administration. Les procédures sont très longues. Leur situation précaire les empêche de se projeter dans l’avenir et d’être autonome. L’aide matérielle apportée par l’asbl Sans Moyen leur permet d’envisager l’avenir de leurs quatre enfants plus sereinement. Ils sont très reconnaissants de l’aide reçue, et redonnent eux-mêmes des vêtements dont ils n’ont plus l’utilité et qui pourraient servir à d’autres familles en situation de précarité.

Précarité amplifiée avec la crise Covid-19

La crise sanitaire de la Covid-19 a engendré une crise sociale. Les familles pauvres se sont encore plus appauvries et ont trop souvent été oubliées des plans gouvernementaux de crise de nos dirigeant·e·s. Sans les associations - comme Sans Moyen - les personnes qui n’avaient déjà plus rien ont été livrées à elles-mêmes, face à une précarité nocive qui les rongeait un peu plus chaque jour. « Plusieurs nouvelles familles se sont adressées à nous parce qu’à la suite de la crise de la Covid-19, elles se sont retrouvées en grande détresse : elles ont effectivement perdu le peu de possibilités qu’elles avaient de gagner de l’argent. Plusieurs femmes m’ont confié qu’elles faisaient le ménage en travaillant au noir. Elles ont été remerciées. Une autre travaillait dans un restaurant, au noir également, elle a évidemment perdu ses revenus. Son mari, handicapé, ne peut subvenir aux besoins de sa famille. Dans certains cas, ce sont des femmes étrangères qui ont été abandonnées par leur mari. Elles ne maîtrisent pas la langue et sont même illettrées pour la plupart. Il leur est très difficile de se débrouiller sans notre aide », explique Louis, fondateur et bénévole de l’association.

Aujourd’hui, encore plus qu’hier, Sans Moyen a vu les demandes de familles en situation de grande difficulté augmenter. Pertes d’emploi, menaces d’expulsions : l’impact de la crise sanitaire sur ces personnes déjà appauvries est grand. Sans aide financière, sans décisions gouvernementales structurelles pour être à leurs côtés, les associations telles que Sans Moyen ne pourront augmenter leur action pour répondre humainement aux nouvelles demandes qu’elles reçoivent et recevront encore - il ne fait pas de doute - dans les mois à venir.





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