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3 février 2020  Archives des actualités

Maison d’accueil L’Étape

Un havre de paix pour les personnes sans abri

La Maison d’accueil L’Étape, située à Tournai, accueille chaque jour 24/24h des hommes, des femmes et des enfants sans abri ou en situation de grande précarité. L’Étape propose un accompagnement psycho-social complet aux personnes qui frappent à sa porte. Avec l’espoir pour tous et toutes de retrouver un toit et de quitter la rue. Définitivement.

« Avant l’Étape, je n’avais que des pensées négatives. » Sur une bande dessinée, dans les couloirs de la maison d’accueil, ce poignant témoignage d’un ancien hébergé passé par L’Étape. Comme cet homme, chaque année, l’Étape accompagne près de 100 personnes sans abri. 30 % de femmes, 30 % d’enfants, 30 % d’hommes. Tous ont, comme triste point commun, d’avoir connu des violences : violences de la rue, violences institutionnelles d’un système qui ne leur laisse pas la place pour se reconstruire dignement ou encore violences conjugales qui ont mené à un parcours d’errance et de rue.
Créée il y plus de 40 ans par des médecins de l’hôpital psychiatrique des Marronniers de Tournai, la Maison d’accueil L’Étape accompagnait initialement des personnes avec des troubles psychiatriques et des personnes ayant eu un parcours carcéral. Les services proposés par la maison d’accueil s’adressent aux besoins de personnes sans logement, sans ressources financières et en rupture de liens sociaux. Le gîte et le couvert, un lieu d’accueil propre et chaleureux sont les premiers services proposés aux personnes hébergées à L’Étape.
En plus des services de première nécessité, L’Étape propose également un accompagnement psychosocial individualisé pour répondre aux difficultés de chacun. À toutes les personnes hébergées, L’Étape offre un accompagnement dans la recherche de logement, d’emploi/formation et une co-gestion financière, frein à l’endettement et, le plus souvent, moteur d’une épargne pour préparer la sortie en logement.
Assainissement des dettes, remise en ordre administrative, recherche de logement, co-gestion budgétaire sont les axes de travail de l’équipe sociale de L’Étape avec les personnes hébergées. Au-delà de l’accompagnement psychosocial, un fort travail est fait sur les activités de loisirs. Balades à vélo, travail dans le potager, tournoi de pétanque sont également proposés.
Avec l’objectif de proposer une activité aux personnes hébergées, L’Étape a développé un atelier menuiserie baptisé L’Etap’Atelier. Dans cet atelier, les hébergés de la maison d’accueil réalisent des travaux de petite menuiserie et de rempaillage de chaises. Cette activité, valorisante et concrète, aide les personnes sans abri à retrouver le chemin du travail et à reprendre confiance en elles.

« Un lieu pour se mettre en sécurité »

Au cœur du projet d’accompagnement social de la maison, on retrouve deux axes de travail. Le premier concerne la mise en sécurité. « La plupart des personnes que nous accompagnons ont évolué, parfois dès l’enfance, dans un environnement violent. C’est pourquoi notre maison d’accueil est avant tout un lieu pour se mettre en sécurité. Les personnes cherchent à se mettre physiquement en sécurité, mais aussi psychiquement », raconte Quentin Ervyn, directeur de L’Étape. Une sécurité nécessaire quand on sait qu’une femme sans abri a systématiquement été victime de violences lors de sa vie en rue, pouvant parfois aller jusqu’au viol.
Pendant le séjour des personnes accompagnées au sein de la maison d’accueil, l’équipe sociale, composée de 15 personnes, travaille sur la création de lien. « Le lien entre l’équipe sociale et les personnes sans abri est moteur dans l’accompagnement que l’on propose à L’Étape. Il est le point de départ. Il permet de construire une relation de confiance et de travailler en tandem avec la personne sur sa situation », précise le directeur de L’Étape. Les travailleurs de l’équipe sociale partagent au quotidien les repas avec les hébergés, les moments de vie, les joies, les galères. Ils sont présents à leurs côtés pour les épauler dans leur parcours.

Hébergement mais pas que…

En plus de proposer de l’hébergement temporaire dans la maison d’accueil, la mission de L’Étape ne s’arrête pas là. « Il est nécessaire d’accompagner la personne dans sa recherche de logement et dans sa stabilisation en logement pour éviter toute rechute », insiste le directeur de L’Étape. Chaque année, 120 personnes, anciennement sans-abris, sont accompagnées, sur leur demande, à domicile par l’équipe sociale de L’Étape. « Nous avons constaté que les personnes sans abri qui n’étaient pas accompagnées dans leur logement (installation, stabilisation…) retombaient assez vite en rue. » Une facture impayée, un dégât des eaux mal géré, un conflit avec le voisinage, et, rapidement, c’est la rechute. « Avant de sombrer, les personnes nous appellent, c’est le lien que l’on a créé avec elles qui permet qu’elles fassent appel à nous. »
Si l’accompagnement à domicile des anciennes personnes sans abri relogées dure en moyenne 6 mois, pour certaines personnes, cet accompagnement ne prendra jamais fin. « Il y a des personnes qui auront besoin de nous toute leur vie. C’est une réalité, beaucoup de personnes anciennement accompagnées ont des problèmes de santé mentale, et des difficultés à gérer seule les tracas du quotidien », poursuit Quentin Ervyn.

« Les femmes ont fui avec leurs petits »

Si, initialement, L’Étape accompagnait uniquement des hommes, aujourd’hui, des femmes et leurs petits sont également accueillis. « Nous accompagnons des familles, des femmes seules avec enfants, des couples, des hommes ou des femmes seules. Nous avons réalisé, avec le temps, que le public que nous accompagnions dans le passé avait évolué. » Pour proposer un accueil adapté aux familles, la maison d’accueil s’est alors dotée de 3 chambres familles, qui permettent à des parents avec des enfants d’évoluer dans un cocon familial plus intime.
Autre constat dans le public accueilli à L’Étape : les femmes sont de plus en plus nombreuses et toutes ont été victimes de violences. « 100 % des femmes que nous accueillons ont subi des violences conjugales. » L’errance, la rue, est pour ces femmes une conséquence claire des violences qu’elles ont subies. « La plupart du temps, les femmes ont fui avec leurs petits. Ces enfants ont été témoins le plus souvent des actes de violences, si pas victimes. Avant toute chose, on essaye de nouer avec ces enfants des liens et de créer une relation de confiance. » Cela s’avère être particulièrement difficile pour l’équipe sociale. Les enfants victimes directes ou indirectes de violences se protègent et sont particulièrement méfiants vis-à-vis des adultes.
Des activités pour ces enfants sont organisées pour leur permettre de rester en éveil malgré leur situation de précarité. Visites de musées, célébration des anniversaires, groupes de soutien scolaire : des dynamiques sont mises en place pour qu’ils puissent s’épanouir.
Les jeunes (18-25 ans) sont également de plus en plus nombreux. « Ils cherchent également un cadre de sécurité. Beaucoup de jeunes que nous accompagnons ont un parcours institutionnel ; l’aide à l’enfance les a parfois fortement fragilisés. » (phrase à revoir) À la majorité, sortis d’institutions, ils se retrouvent directement à la rue. Grâce à l’accueil proposé par L’Étape, ils peuvent se reconstruire une vie « après la rue » et envisager un projet individuel.
« Ici, nous fonctionnons avec une stratégie des petits pas, on avance, on accompagne la personne dans son histoire ». Étape par étape donc, 24h sur 24h, 365 jours par an, les personnes qui sont accueillies ici avancent sereinement vers des portes de sortie du sans-abrisme.





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