20h15, le public arrive encore mais le quart d’heure académique est passé. Il n’y a plus un siège de libre ce mardi 16 octobre quand le spectacle débute.
En effet, plus de 280 personnes ont répondu à l’invitation de Vivre Ensemble et de l’Espace Georges Truffaut à Droixhe pour la première représentation de Combat de pauvres à Liège.
Combat de pauvres est le nouveau spectacle de la compagnie engagée Art&Tça. Après avoir exploré avec talent le déclin de l’agriculture familiale dans « Nourrir l’Humanité c’est un métier », la compagnie nous confronte, cette fois, à la précarité et à la misère organisée au nom de la compétitivité.
Au menu du spectacle, des tableaux de vie, des images, des bandes sonores, de la musique, autant de témoignes pour parler de la pauvreté et de ses multiples visages. La pauvreté… un fléau qui touche des couches de plus en plus nombreuses de la population : étudiants, petits commerçants, pensionnés, familles monoparentales. À travers les témoignages d’experts, de travailleurs sociaux et de victimes de cette paupérisation, le spectacle analyse avec sensibilité, pertinence, humour et passion l’impact des choix politiques, sociaux et économiques, et pose la question de la société que nous souhaitons construire ensemble.
Après les révérences des comédiens et les applaudissements nourris de la salle, un moment d’échange entre le public, les acteurs et deux membres du Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté enrichissent encore la soirée qui s’inscrit dans le cadre de la Journée mondiale du refus de la misère (17 octobre).
C’est certain, le spectacle a beaucoup touché ! Jocelyne, une Hutoise de 63 ans, confie : « Pour moi la pièce est enrichissante, très vraie et cela me touche particulièrement parce que je me suis engagée comme volontaire à la Saint-Vincent de Paul de Huy. C’est un excellent outil de sensibilisation même s’il y a beaucoup d’informations. En fait, j’aurais voulu retenir toutes ces infos et retenir des passages en entier pour les répéter à mon entourage… J’ai particulièrement aimé le passage sur la dignité de la personne pauvre et du besoin de reconnaissance. »
Même son de cloche du côté de Marie-Hélène, 57 ans, de Visé : « J’ai aimé le côté percutant sans jamais être agressif. J’ai souvent été émue… et puis ça m’a fait réfléchir, avec quelques retours sur ma vie, en me disant que j’avais la chance de vivre dans le confort. J’ai été maman célibataire, le spectacle montre bien que c’est souvent une source de pauvreté, mais moi j’ai eu la chance de ne pas vivre dans la difficulté. L’art fait passer beaucoup plus de profondeur que les discours. À la fin, la chanson était percutante ! C’est une pièce de qualité et je suis épatée par les artistes et leur engagement ! »
Dans le public, des têtes connues, d’autres moins et des nouveaux visages. Il y a des jeunes et des moins jeunes, des liégeois et des gens d’autres coins de la province. Autour d’un verre, les réactions sont positives… un nouveau public a été touché !
Olivier, un Liégeois de 33 ans, nous partage son sentiment : « Ce spectacle me fait sortir de ma bulle. La pauvreté n’est pas une question que je me pose souvent, et c’est triste parce qu’il y en a partout. Mais le monde tel qu’il est organisé me rend indifférent à cette réalité. Le spectacle m’ouvre les yeux sur ce que les gens vivent ! »
Laissons le mot de la fin à Nicolas, un Hutois de 36 ans : « C’est intéressant de prendre conscience de la diversité des pauvretés. Le spectacle montre que chacun a son chemin pour tomber dans la pauvreté. Je pense que ce spectacle devrait tourner dans les écoles secondaires pour sensibiliser les adolescents. Et les échanges après le spectacle sont nécessaires aussi pour montrer que des gens s’en sortent, qu’il y a aussi des énergies positives, de la résistance et de la solidarité ! »